Page 10 - Magazine Pharmavie Sept-Oct
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C’EST DE SAISON ! /ÉCOLE POWER

Pourquoi et comment s’accrocher ?                                                        Enfin, Grégoire Borst conclut que
                                                                                         «  notre système éducatif est décalé
« Tous types d’apprentissage en-            de connaissance ainsi que leur pro-          avec le monde dans lequel on vit, no-
traînent des reconfigurations au ni-        gression dans les apprentissages »,          tamment sur les compétences dont on
veau cérébral, et le dire aux élèves,       complète Louise Goupil. C’est aussi la       a vraiment besoin dans notre vie quoti-
cela leur permet de réaliser qu’ils         possibilité pour l’enseignement et ses       dienne et notre vie d’adulte : les com-
peuvent toujours progresser et réus-        élèves de faire des points, en cours         pétences émotionnelles, l’altruisme,
sir. Quand on a appris à apprendre, on      de route, sur l’état de compréhension,       l’empathie, la communication, l’interac-
peut tout apprendre et s’adapter tout       et de pouvoir expliquer sous un autre        tion avec les autres, avoir la capacité de
au long de sa vie », appuie Grégoire        angle si besoin.                             comprendre des systèmes complexes
Borst. Il ajoute que « comprendre que       « Il est aussi central de développer la      et interconnectés. » l
donner du sens à n’importe quelles          curiosité des élèves pour qu’ils com-
activités, et montrer à l’enfant quelles    prennent les enjeux de ce qu’ils font.        En 2020,
compétences il peut y développer au         Cela génère l’engagement, l’intérêt,
cours d’une activité enrichit l’enfant ».   la mise au travail, et améliore, par la        parmi les 18-24 ans,
Du point de vue de Frédéric Guille-         suite, la consolidation et la réutilisation
ray, l’école pourrait être plus égalitaire  des connaissances. Tout cela permet           entre 7 et 9 %
si les enseignants pouvaient avoir          d’amplifier la puissance d’apprentis-
l’espace et les moyens de laisser la        sage », soutient le professeur de SVT.         sont sortis du système
place aux enfants dans leur appren-         « Comprendre pourquoi on fait telle            éducatif sans diplôme.
tissage. « Car les apprenants ont des       chose, c’est la question que tout le
informations privilégiées sur leur état     monde se pose ! »                                > DEPP, L’Éducation nationale en chiffres,
                                                                                             édition 2021 ; DARES-DEPP, InserJeunes.

Carla, professeure de français à Garges-Lès-Gonnesses

« Je travaille dans un établissement du Réseau        qu’on envoie les jeunes professeurs faire leurs
prioritaire d’éducation (REP), j’ai 27 élèves par     armes avec eux, il y a énormément de turn-over,
classe, ce qui n’est pas vraiment moins qu’ailleurs.  et on le voit bien, les élèves sont très reconnais-
J’observe que, culturellement, il n’y a pas le        sants de ceux qui restent.
même rapport à l’école et ses obligations, cela       Parmi mes élèves, je vois les problèmes qu’ils ont
peut compliquer la façon dont mes élèves per-         pour écrire, s’exprimer, communiquer, parler de
çoivent l’intérêt d’être là. Ils ne voient pas for-   ce qu’ils ressentent, ils bégaient avec leur propre
cément de perspectives à travailler, apprendre,       douleur. Ils ne savent pas ce qu’ils valent et ce
réussir, ils ne savent pas comme c’est important,     qu’ils peuvent faire. Je constate aussi les effets
comme ça leur sera essentiel s’ils veulent avoir le   délétères des problèmes d’alimentation, d’envi-
choix.                                                ronnement pour travailler, de temps de sommeil.
Il faut aussi dire que ces REP, c’est le passage      Je pense qu’avec eux, comme tout autre élève, il
obligatoire pour tous les enseignants, et ce n’est    faut sans cesse repositionner le travail : pourquoi
pas facile pour tout le monde. C’est ingrat pour      tu fais ça ? C’est possible d’être nul(le) à l’école,
les professeurs, mais aussi pour les élèves, l’idée   mais ce n’est pas une fatalité. »

Il ne faut plus dire « je suis nul(le) à l’école » car la motivation est clé pour
tous les apprentissages ! Le dire, c’est se placer d’emblée dans une position
difficile, car cette émotion négative n’est pas très compatible avec la motivation.
Cela dit il est important de s’évaluer et de poser des questions ou investir plus
d’efforts dans certaines matières que l’on trouve plus difficiles.  Louise Goupil
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