Page 33 - Magazine Pharmavie Sept-Oct
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Glossaire Genderfluid : il s’agit Neutre : personne dont le genre in-
Cisgenre (ou cis) : personne dont d’une personne dont le tègre des éléments perçus comme
genre peut osciller entre masculins et d’autres perçus comme
l’identité de genre correspond au tous les genres (homme, femme, féminins, mais dont on a retiré toute
sexe biologique qui lui a été assigné à non-binaire, binaire), de manière pré- conception de genre.
la naissance. visible ou non, selon les périodes et
situations de sa vie. Non-binaire : per-
Coming-out : le coming out dé-
Genre : catégorisation sociale et psy- sonne dont le genre n’est
signe l’annonce volontaire d’une ni exclusivement féminin
orientation sexuelle ou d’une identité chologique qui divise les êtres hu- ni exclusivement masculin. Une per-
de genre à son entourage. « Outer » mains entre masculin et féminin. sonne peut se sentir soit un homme
une personne, c’est faire son coming et une femme, soit ni l’un ni l’autre,
out à sa place. Identité de genre : identité mascu- soit l’un ou l’autre.
Dysphorie de genre : sentiment line ou féminine (ou les deux ou au- Transgenre (ou trans) :
cune des deux) qu’une personne se
d’inadéquation entre son genre assi- construit tout au long de sa vie. personne dont l’identité
gné à la naissance et son identité de de genre ne correspond
genre. Mégenrer : attribuer le mauvais pas avec le sexe biologique qui lui a
été assigné à la naissance.
genre à une personne.
Le genre bi-catégorisation. Pourtant, cette bi- raconte leur histoire directement,
narité n’est pas actée partout. En ef- sans passer par le prisme de l’école
Avant de commencer, partons de fet, dans certaines sociétés, il y a trois, ou de la famille. Aussi, le fait que les
la base et définissons ensemble le quatre, voire même cinq genres. C’est réseaux sociaux soient des interfaces
genre. Arnaud Alessandrin, socio- le cas par exemple en Indonésie, en qui nécessitent du visuel (photos, vi-
logue à l’université de Bordeaux et Polynésie, au Pakistan ou encore au déos…) et du texte permet de créer
spécialiste des questions de genre, Mexique. une culture commune autour de cette
de santé et de discrimination, défi- notion de non-binarité du genre. Et
nit le genre « est une assignation à Briser la binarité cette culture commune, se construit
la naissance. On ne le choisit pas, ce Cette binarité homme-femme, ne aussi bien avec les personnes qui se
sont les codes sociaux de répartition convient plus. Et si la société est res- sentent directement concernées,
binaire, qui nous endiguent dans des ponsable des stéréotypes de genre, qu’avec le grand public. Les réseaux
devenirs homme ou femme. » Il est elle est aussi, depuis quelques années, ont également le pouvoir de briser
très important de différencier le sexe en train de faire bouger les choses. « Ce l’isolement et permettre aux gens de
et le genre. Le sexe est une catégorie qui a fait évoluer cette notion-là, c’est se rencontrer ou de créer des mou-
qui divise les êtres humains entre les d’abord les propositions théoriques vements sociaux, du militantisme, des
hommes et les femmes, sur la base de qui se sont progressivement extirpées demandes de reconnaissance ou des
leur anatomie et de leur physiologie. du fatalisme biologique du sexe », ex- interpellations publiques.
Si on a un pénis, on est un garçon, et plique Arnaud Alessandrin. Comme le
si on a une vulve, on est une fille. Et en dit si bien Simone de Beauvoir « on ne Si ces représentations sont égale-
fonction du sexe, bon nombre de sté- naît pas femme, on le devient ». Et oui, ment amenées à changer, c’est parce
réotypes l’accompagne. la nature ne fait pas tout ! que désormais, les récits sont incar-
nés et les gens se sentent davantage
Une construction sociale Plus récemment, des courants de représentés. On le voit notamment à
Pour Judith Butler, philosophe amé- pensées propres aux genres - les travers les séries, comme Heartstop-
ricaine, Simone de Beauvoir ou en- gender theory – ainsi que les mouve- per, Orange is the new black, Grey’s
core Margaret Mead, anthropologue ments militants, comme le féminisme Anatomy ou Umbrella Academy par
américaine, le genre n’est pas anato- ou les mouvements LGBTQIA+, ont exemple. « Si on prend les séries qui
mique, mais social. C’est la société qui développé un sens critique concer- datent, comme The L world ou Queer
le construit et le fait évoluer, avec les nant les assignations de sexe et de as folk, les personnes trans, étaient
attentes mentales, mais aussi les re- genre. « Ils sont, aujourd’hui, le fer soit inexistantes, soit marginales. Au-
présentations et les imaginaires, les de lance de cette déconstruction du jourd’hui, on assiste, dans ces arcs
discours (scientifiques, médiatiques), genre », précise le sociologue bor- narratifs, à une plus grande visibilité
qui participent pleinement à cette delais. Grâce aux réseaux sociaux, les et aussi à une banalisation. On n’a plus
personnes témoignent de leur vécu besoin de s’arrêter sur la souffrance,
en disant « je », et par conséquent, la transition ou encore la génitalité. »
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