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santé & prévention * actu-santé                                                          votre pharmacien conseil    * 29

      Allergies
et environnement

    Pollution, perte de la biodiversité, gènes interagissent pour amplifier
actuellement la place des maladies allergiques. Pour l’Académie nationale
de médecine, diminuer l’exposition aux facteurs néfastes est un enjeu pour

                         la prévention des maladies allergiques.

En effet, les allergies respiratoires sont extrêmement                                   ultérieur. Plusieurs études écologiques et démographiques
       fréquentes : 16 millions de Français souffrent de                                 montrent que l’asthme et les allergies augmentent en même
       rhinite et 4,2 millions d’asthme.                                                 temps que l’urbanisation, alors qu’elles restent plus rares
Pollution de l’air et baisse de la                                                       dans les zones rurales.
biodiversité 1
                                                                                          Un livre blanc pour
Au cours des quatre dernières décennies, la prévalence                                    enseignement et pratiques2
de l’asthme et des allergies a doublé. Le rôle des
gènes dans cette évolution est faible vu la lenteur des                                  L’allergologie est une spécialité médicale maintenant
modifications génétiques. En revanche, la pollution                                      reconnue en France pour lutter contre une épidémie
de l’air a considérablement augmenté, en particulier                                     liée à notre environnement. Pourtant, sept ans, c’est
celle liée aux émissions d’usines, aux pulvérisations                                    le temps moyen d’errance thérapeutique des patients
agricoles, aux échappements des véhicules, qui s’ajoutent                                allergiques avant de consulter un allergologue. Or, la prise
aux particules naturelles (pollens, moisissures…). Les                                   en charge tardive d’une allergie respiratoire prédispose
particules ultrafines, de diamètre inférieur à 2,5 µm, qui                               indéniablement à son aggravation. De plus, les patients
inspirées pénètrent jusqu’aux alvéoles, sont les plus en                                 poly-allergiques, notamment alimentaires et respiratoires,
cause. À côté des particules, on trouve des gaz inhalés,                                 ont un risque accru de développer un asthme sévère. En
douondtelels’uotxilyisdaetsiodn’azdoetse e(nNgOra2)iséamziostléosr,sqduei  combustions   France, 15 000 personnes sont hospitalisées chaque année
                                                                           aggravent la  pour une crise d’asthme, et 1 000 personnes âgées de moins
pollution. Vivre à proximité d’un axe de circulation                                     de 65 ans en décèdent. Autant de morts évitables par une
intense est un facteur de risque démontré de survenue                                    prise en charge précoce et adaptée.
d’allergies respiratoires, surtout d’asthme. Le deuxième                                 Un « livre blanc » rédigé par la Fédération française
facteur probable d’évolution des maladies allergiques est                                d’allergologie ambitionne de susciter une prise de conscience,
lié à la perte de la biodiversité : une population de plus                               de la part des pouvoirs publics, des professionnels de santé
en plus urbanisée, soumise à un contact beaucoup plus                                    et du grand public, sur les conséquences d’une maladie
pauvre en microorganismes et végétaux diversifiés, avec                                  trop souvent banalisée, voire méconnue.
un microbiome respiratoire, intestinal, différent, moins
riche, dès la naissance, appauvrissant les stimulations                                  1 - Équipe EPAR (Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires), Institut
antigéniques initiales, augmenterait le risque allergique                                   Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, INSERM et Sorbonne Université-
                                                                                            Médecine Saint-Antoine, Paris.

                                                                                         2 - Département de Pneumologie et Addictologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve,
                                                                                            CHU de Montpellier. Université de Montpellier
                                                                                            et Sorbonne Université UPMC Paris 6, UMR-S 1136, IPLESP, Équipe EPAR, Paris.
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